Our Common Future Under Climate Change

International Scientific Conference 7-10 JULY 2015 Paris, France

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INRA / Christophe Maitre

INRA / Christophe Maitre

Discours de M. Laurent Fabius, ministre des affaires �trang�res et du d�veloppement international, pr�sident de la COP 21, � la cl�ture de la Conf�rence scientifique � l�UNESCO � Our common future under climate change �

201507-15

By Our Common Future


D�r�glement climatique � COP 21 - Discours de M. Laurent Fabius,�ministre des affaires �trang�res et du d�veloppement international, pr�sident de la COP 21, � la cl�ture de la Conf�rence scientifique � l�UNESCO�� Our common future under climate change �

Paris, 10 juillet 2015


Monsieur le Pr�sident du GIEC,
Messieurs les co-pr�sidents du groupe ADP,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs, chers amis,

La COP 21 aura lieu dans moins de 150 jours ici m�me � Paris, ou plus exactement � puisque je m�adresse � des scientifiques, je dois �tre pr�cis � au Bourget, � quelques kilom�tres.�

Quittant cet apr�s-midi la n�gociation sur le nucl�aire iranien en Autriche avant d�y retourner ce soir, j�ai tenu � �tre l� pour la conclusion de vos travaux. Parce que, sur le chemin qui nous m�ne vers la COP 21, votre r�union est une �tape doublement importante. Sur le plan scientifique, d�abord : votre rencontre, le plus grand rassemblement de la communaut� scientifique avant Paris, a permis d�approfondir encore notre connaissance du r�chauffement climatique, de ses effets, et des solutions que nous pouvons y apporter. Elle est importante aussi sur le plan politique : vous lancez aux dirigeants du monde un nouvel appel � l�action. L�expression � piq�re de rappel � a �t� employ�e : je me r�jouis de trouver en vous des alli�s, car dans ce domaine plusieurs piq�res valent beaucoup mieux qu�une.�

Cette conf�rence constitue donc une initiative remarquable, j�en f�licite les organisateurs, notamment MM. Jouzel et Le Treut ; l�un et l�autre ont bien voulu accepter de participer aux r�unions que je pr�side chaque mois pour pr�parer la COP 21 � ce que nous appelons le � comit� de pilotage � ��, leurs avis �clair�s nous sont extr�mement utiles.�

Je veux saluer tous les scientifiques pr�sents, originaires de plus de 100 pays et repr�sentant toutes les disciplines. Votre mobilisation a permis des �changes riches, notamment gr�ce � la pr�sence de nombreux repr�sentants de pays du Sud. Je salue tous les autres participants : �lus, responsables d�entreprises et d�ONG, citoyens, et la presse qui relaie tr�s utilement nos d�bats. Votre pr�sence montre que l�action pour notre plan�te doit �tre l�affaire de tous.


Mesdames et Messieurs,

Dans la lutte contre le r�chauffement climatique, qui constitue l�une des grandes causes de notre g�n�ration � peut-�tre m�me la plus grande car elle est en amont de beaucoup d�autres �, le r�le des scientifiques a �t� et demeure fondamental.

D�abord, sur le constat. C�est aux scientifiques, � vous, que le monde doit d��tre entr� dans ce que Jean Jouzel a appel� � le temps des certitudes �.

Il est fini en effet le temps o� la r�alit� du changement climatique et son origine humaine �taient contest�es, y compris en France. Le m�rite en revient � l�ensemble de la communaut� scientifique, et d�abord au GIEC, qui a accompli depuis sa cr�ation en 1988 un travail exceptionnel. Ses rapports ont constitu� autant de coups utilement port�s au climato-scepticisme. Les diagnostics �tablis sont devenus incontest�s. Par leur qualit� et par leur probit�, vous vous �tes donn� les moyens d��tre incontestables. Rarement l�effet positif de l�esprit scientifique et de l�action de la recherche aura �t� aussi net. Vous avez rendu ind�fendable le climato-scepticisme, irresponsable le climato-fatalisme et, je l�esp�re, incontournable le climato-volontarisme.

Mais avant cela, vous avez d� affronter les doutes, les critiques, les mises en cause � toutes n��tant pas guid�es par le souci exclusif de la v�rit� scientifique. La rigueur de votre travail l�a emport�. Aujourd�hui, dans les n�gociations, la r�alit� du changement climatique et son origine humaine ne sont plus s�rieusement mises en cause : elles constituent un acquis. Cette victoire, Mesdames et Messieurs, est la v�tre.

Au-del� du constat, la communaut� scientifique a jou� et joue un r�le essentiel d�alerte. Les rapports du GIEC ne se contentent pas d�analyser les causes du r�chauffement et de poser un diagnostic sur la situation ; ils sont un appel au sursaut mondial, en d�finissant les trois c�t�s du triangle de base du savoir climatique : 1er c�t�, les cons�quences de l�inaction seraient irr�versibles et d�vastatrices ; 2e c�t�, il est encore possible d�agir ; 3e c�t� il y a urgence.

C�est par la science que nous savons en effet qu�un r�chauffement de 3, 4 voire 5� C � correspondant au sc�nario de l�inaction � aboutirait � une plan�te de tous les dangers. C�est par la science que nous savons que les effets du d�r�glement du climat toucheraient plus violemment certaines r�gions du monde, mais qu�aucune ne serait �pargn�e. C�est par la science que nous savons que le co�t de la non-d�cision, et d�abord pour les plus pauvres, serait exorbitant.�

Enfin, je veux souligner le r�le crucial des scientifiques, votre r�le dans les solutions. La science a permis de d�passer le d�bat sur le � faut-il agir ? � ; elle donne des cl�s pour le � comment agir ? �.�

Ce sont les scientifiques qui nous indiquent la trajectoire � suivre pour contenir le r�chauffement au-dessous de 1,5� ou 2� C. Nous savons en particulier qu�atteindre cet objectif n�cessite de respecter un pic des �missions mondiales au cours de l�actuelle d�cennie, de r�duire ces �missions de 40 � 70 % entre 2010 et 2050, et de parvenir � la � neutralit� carbone � dans la deuxi�me moiti� du si�cle.

Ce sont aussi les scientifiques qui s�impliquent dans la conception puis l��valuation des solutions concr�tes permettant l�att�nuation des �missions de gaz � effet de serre ou l�adaptation aux effets du d�r�glement climatique. Avec cette conf�rence, vous avez montr�, toutes disciplines confondues, que la science de l�alerte climatique �tait aussi, et de plus en plus, une science des solutions pour la plan�te.


Mesdames et Messieurs,�

Savoir oui, mais savoir pour agir. Il est indispensable que la COP 21 aboutisse en d�cembre � un accord � et un accord � la hauteur du d�fi climatique. Notre objectif est de parvenir � une � Alliance de Paris �, qui comporterait quatre objectifs, quatre piliers. Je voudrais, comme Pr�sident de cette COP, vous en dire o� nous en sommes quelques mots.

1/ Le premier pilier, ce doit �tre l�accord lui-m�me, un accord universel et juridiquement contraignant. Cet accord devra �tre �quitable, c�est-�-dire pr�voir des efforts diff�renci�s selon les pays, s�accompagner d�une solidarit� financi�re et technologique � l��gard des pays les plus pauvres, et mieux prendre en compte l�adaptation aux effets du changement climatique. Cet accord devra �tre durable, ni se d�sint�resser de la p�riode pr�-2020 ni s�arr�ter brusquement en 2030, mais comporter des actions imm�diates et se prolonger, car nous ne pouvons pas ren�gocier les r�gles et principes communs tous les dix ans. Il faudra donc qu�il comporte un � m�canisme de r�vision �, qui invite les Etats � �valuer et � revoir r�guli�rement � la hausse les engagements initiaux. Un accord durable est d�ailleurs la condition d�un accord ambitieux : la COP 21 ne doit pas �tre qu�un point d�aboutissement, mais aussi et surtout un point de d�part d�une p�riode et d�une d�marche nouvelles.�

A cet �gard, les discussions progressent mais, comme j�ai eu l�occasion de le dire r�cemment devant l�ONU � New York, elles doivent s�acc�l�rer. C�est pourquoi, outre les importants travaux de l�ADP, je r�unirai � plusieurs reprises les ministres d�une quarantaine de pays repr�sentatifs de l�ensemble des parties, afin d�identifier des compromis sur les cinq ou six sujets qui ne pourront �tre tranch�s qu�� un niveau politique. Je pr�siderai la premi�re de ces r�unions les 20 et 21 juillet prochains � Paris.

2/ Le deuxi�me objectif, c�est la pr�sentation, avant m�me la COP par l�ensemble des pays, de leur � contribution nationale �, en anglais INDC. Pour la premi�re fois dans l�histoire des n�gociations climatiques, tous les Etats se sont engag�s � prendre des engagements de r�duction de leurs �missions de gaz � effet de serre. Plus de quarante pays ont d�j� soumis leur contribution, tout r�cemment la Chine, qui a rendu publics ses engagements ici m�me � Paris la semaine derni�re. Plus de la moiti� des �missions mondiales sont d�sormais couvertes. Dans ce processus de publication des contributions, il y a quelques d�ceptions, mais aussi de bonnes surprises.

Je vous invite � saisir l�occasion de la pr�paration ou de la publication des INDC pour peser dans les d�bats nationaux, par exemple en �valuant la faisabilit� des objectifs, en anticipant les cons�quences des politiques annonc�es, en mesurant l�ad�quation des politiques d�adaptation aux impacts pr�vus pour tel ou tel pays, ou en pr�sentant des sc�narios alternatifs. Dans ce travail que conduisent tous les gouvernements � beaucoup pour la premi�re fois �, votre expertise scientifique est pr�cieuse.�

La publication des contributions est encore loin de son terme, mais beaucoup � notamment parmi vous � craignent d�j� que la somme de ces engagements ne permette pas de contenir le r�chauffement plan�taire en-dessous des 2� C. Nous continuerons d��uvrer avant la COP 21 pour le niveau d�ambition soit le plus �lev� possible, mais si cette crainte se v�rifie, cela rendrait-il pour autant la conf�rence inutile ? Certainement pas ! Tout au contraire. Je souhaite, je l�ai dit, que nous adoptions pr�cis�ment en d�cembre un accord durable et dynamique, qui nous permette de revenir progressivement par de multiples actions sur une trajectoire compatible avec les pr�conisations de la science.�

3/ Le troisi�me pilier, ce sont ces actions exigeant des moyens financiers et technologiques. Lundi, je serai � Addis-Abeba pour discuter financement du d�veloppement. S�agissant du climat � et les deux domaines ne sont pas �trangers les uns aux autres �, il nous faut garantir que sera tenu l�engagement pris � Copenhague en 2009 de mobiliser, en priorit� vers les pays les plus pauvres et les plus vuln�rables, 100 milliards de dollars de financements publics et priv�s par an d�ici 2020 � dont une partie transitera par le Fonds vert. Plus largement, nous devrons mettre en place les r�gles et les incitations pour permettre une r�orientation profonde des flux financiers publics et priv�s vers l��conomie sobre en carbone. Des signes positifs existent mais l� aussi il faut les amplifier. Quand les agences de notation commencent � prendre financi�rement en compte le � risque climatique �, quand de grands Fonds d�cident de d�sinvestir dans le charbon, quand de plus en plus de responsables r�fl�chissent aux moyens concrets de financer davantage l�innovation, quand certains groupes p�troliers eux-m�mes r�clament la fixation d�un prix du carbone, quand de plus en plus de pays r�duisent leurs subventions aux �nergies fossiles, cela veut dire que les choses bougent positivement dans cette direction.�

4/ Quatri�me et dernier pilier � et c�est une novation dans les n�gociations climatiques �, la mobilisation des acteurs non �tatiques : collectivit�s locales, entreprises, associations, soci�t� civile. Ce que nous appelons � l�Agenda des solutions �. Depuis le sommet de New York organis� en septembre 2014 par le Secr�taire g�n�ral des Nations Unies, de plus en plus d�acteurs d�veloppent des initiatives � climato-exemplaires �. La COP 20 � Lima en d�cembre dernier a propos� un � Plan d�action de Lima � Paris �. Aujourd�hui, en collaboration avec le P�rou, le Secr�tariat G�n�ral des Nations Unies et le Secr�tariat de la Convention climat, nous encourageons tous ces acteurs � aller plus loin, � structurer leurs d�marches, et � am�liorer leur diffusion � travers l�utilisation du portail appel� NAZCA. Ces engagements sont essentiels pour l�efficacit� de l�action. Ils ne se substituent pas � ceux des Etats, ils les renforcent. Et c�est par l�addition de toutes ces actions que nous pourrons atteindre l�objectif.�


Mesdames et Messieurs,�

Vous avez choisi d�intituler votre conf�rence : � Our common future under climate change �. C�est exactement ce dont il s�agit, notre avenir commun. Notre avenir est soumis � une menace globale. Globale par son ampleur, car aucune r�gion du monde n��chapperait aux cons�quences de l�inaction. Globale par ses effets, car le d�r�glement du climat aurait de terribles cons�quences environnementales et sur la biodiversit�, mais aussi sur la sant� publique, sur la pauvret�, sur le d�veloppement, sur la s�curit� et sur la paix.

Cette menace, vous l�avez annonc�e et vous l�avez document�e. Vous avez mis en garde les dirigeants du monde, vous les avez appel�s � agir, et � agir vite. Aujourd�hui, votre message est entendu partout, comme il ne l�a sans doute jamais �t� au cours des derni�res d�cennies. Je veux vous remercier pour votre travail, vous f�liciter pour votre mobilisation, vous assurer que nous ferons tout pour ne pas vous d�cevoir � Paris en d�cembre, et vous encourager � poursuivre.

Car l�hommage, qui je veux vous rendre, qui trouve son expression pleinement l�gitime ici � l�UNESCO, je le destine � toute la science, � toutes les sciences. La lutte contre le changement climatique a besoin de toutes les sciences : les climatologues, les glaciologues, les �cologues, les biologistes, les oc�anologues, les statisticiens, les �conomistes, les urbanistes, les g�ographes, les physiciens, les sp�cialistes de l�espace, les agronomes, les m�decins, les g�ostrat�ges, les politologues, les anthropologues, les sociologues, les historiens, les philosophes, car les sciences humaines et les sciences dures � qui ne sont pas inhumaines �, toutes les sciences ou presque, tous les chercheurs sont requis d�apporter leur concours pour �tablir les diagnostics, asseoir les pronostics et proposer les solutions.

Qu�est-ce qu�un responsable ? C�est quelqu�un qui doit apporter des r�ponses. Les responsables politiques, � partir de votre expertise, devront apporter des r�ponses. Votre mission restera essentielle dans les ann�es � venir, car il vous appartiendra de continuer � contribuer aux solutions : la construction du monde nouveau et d�carbon� de demain d�pend pour une large part de vous. Vous avez montr�, � travers vos travaux depuis des ann�es et ces derniers jours, y compris dans la d�claration finale que vous venez d�adopter, que vous �tiez d�termin�s � �uvrer en ce sens.

Je vous donne donc rendez-vous � Paris pour la COP 21. Je veillerai � ce que la science soit mise � l�honneur pour la conf�rence. Elle aura une place centrale, car c�est la place qu�elle m�rite. Merci.

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